Des rayons de matériaux de seconde main dans les magasins de bricolage

makesense
6 min readMar 15, 2019

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Vous avez sans doute déjà croisé un étalage où les produits sont vendus à -50% dans une boutique alimentaire. Proposer à « prix cassés », des produits dont la date limite de consommation arrive à échéance permet de limiter le gaspillage de ressources, ce qui est urgent à la fois pour des raisons écologiques, mais aussi afin de se mettre en conformité avec la loi, voire de faire des économies.

L’entreprise Zéro Gâchis se rémunère sur les économies réalisées par les grandes surfaces alimentaires grâce à la mise en place de tête de gondoles pour les produits à DLC courtes. Image dans les echos executive

La nouvelle mine, le Leroy Merlin Cabries et makesense mènent une expérimentation dans les bouches du Rhône pour étudier la faisabilité de revendre des produits de seconde main pour le bricolage dans des circuits de grande distribution conventionnels et vous invitent à venir participer du 29 au 31 mars, puis du 14 au 16 juin à deux expérimentations qui permettront, nous l’espérons, de pouvoir créer des emplois locaux et du lien social, préserver les ressources et les porte-monnaie. Nous avons besoin de votre avis sur la question alors prenez 5 minutes pour répondre à notre questionnaire en ligne

Ne réinventons pas la poudre

Il existe déjà dans les magasins de bricolage comme dans le Leroy Merlin de Cabriès des zones où les clients peuvent trouver à prix cassés des fins de série, des chutes, des éléments d’exposition, issus du service après-vente ou d’erreurs de commande. Ces zones sont cependant peu mises en valeur et ne permettent d’écouler que difficilement une infime partie des nombreux matériaux et éléments qui partent au recyclage dans le meilleur des cas, et souvent en enfouissement. Au niveau national l’enseigne Leroy Merlin a par ailleurs conçu des directives pour accompagner leurs magasins dans l’amélioration et la généralisation de ces pratiques.

Une tête de gondole de déstockage au Leroy Merlin Cabriès

Des ressourceries comme la nouvelle mine ont déjà mis en place des réseaux et des infrastructures, développé des savoir-faire à tous les étages de la chaîne de valeur de réemploi. Nous avons consulté plusieurs structures très différentes, le dirigeable, Impulse toit et histoire sans fin pour lister leurs enjeux et ce que nous pourrions réaliser ensemble. Aujourd’hui, les 14 autres ressourceries de la région et les 446 autres structures de réemploi ne gèrent que 3000 tonnes de déchets, ce qui crée 372 emplois, dont 20 % en CDI et un total de 1,5 million de chiffre d’affaires ; ce qui représente une goutte d’eau sur les volumes totaux de ce qui aurait pu être réemployé pour préserver les ressources, mais aussi offrir des opportunités d’insertion sociale et un accès bon marché à des articles qui pourraient être considérés comme étant de première nécessité.

la ressourcerie histoires sans fin

Trouvons des débouchés pour les flux récurrents

Les magasins de bricolage maillent déjà le territoire et constituent des plateformes logistiques et zones de chalandise qui pourrait constituer d’importants débouchés non seulement pour les matériaux issus de l’activité du magasin, mais aussi pour les éléments collectés par d’autres professionnels du réemploi. Ces produits de seconde main pourraient constituer des produits d’appel pour les particuliers, répondre à l’intérêt croissant pour l’upcycling, mobiliser les employés et permettre à ces grandes surfaces d’améliorer leur image et leur empreinte sociétale.

Nous avions écrit un article sur le fait que de nombreuses plateformes digitale avait vu les jours ces dernières années pour permettre aux professionnels de s’approvisionner en produits de réemploi. Une directive ( Journal officiel 0061 du 12 Mars 2016) prévoit de contraindre les réseaux distributeurs de matériaux de construction pour professionnels à collecter les types de produits qu’ils mettent en vente, ce qui devrait augmenter l’offre de produits de réemploi disponible. Malheureusement les risques assurantiels, le peu d’incitations réglementaires ou dans les appels d’offre pour ces pratiques ,l’inertie dans les corps de métiers rendent encore les expérimentations timides chez les professionnels.

Parmi les nombreux éléments qui sont aujourd’hui régulièrement collectés, mais qui peinent à trouver acquéreur auprès des particuliers malgré leur valeur d’usage ou leur potentiel on trouve les différents éléments présents sur cette affiche:

Proposer ne suffit pas.

Au même titre que la qualité d’un produit ne suffit pas à assurer son succès commercial, la vente des matériaux et produits de réemploi constitue un véritable défi

Mr Tchertchian de Emmaus impulse toit expliquait que malgré la qualité de certains meubles d’artisans qui se transmettent avant de génération en génération, ces derniers étaient difficilement vendus car ils ne correspondaient plus aux goûts ou aux intérieurs contemporains. Ces « marrons » encombrent les ressourceries tandis que d’autres produits de moindre qualité issus de déstockages de grandes surfaces se vendent bien. Même son de cloche de la part de la Varappe qui nous faisait part du fait que le mobilier qu’ils avaient surcyclé dans leurs ateliers pouvait se vendre à bon prix alors que les « marrons » finissaient souvent broyés pour faire de la sciure faute d’avoir trouvé acquéreur.

Le dirigeable écoule beaucoup plus facilement ses créations en bois de palettes adaptés aux goûts et intérieurs contemporains que les buffets et commodes de nos grands parents

Mme Andreini de la réserve des arts nous expliquait dans cette interview qu’elle avait eu recours aux services d’un professionnel du merchandising pour mettre en valeur les produits de réemploi grâce à un bel agencement et une luminosité adaptée, et que c’était grâce à cela que 85 % des flux qui passent par la boutique de Pantin sont effectivement réemployés. Les professionnels qui s’enquièrent de la disponibilité de tel objet ou matériaux sont invités à venir en boutique et finissent par repartir avec des éléments qui répondent à leurs besoins, mais qui ne sont pas ceux qu’ils avaient prévus initialement.

Réapprendre les usages

Contrairement aux adhérents de la réserve des arts qui sont professionnels de l’art, la majorité des Français ne perçoivent pas nécessairement dans un objet de seconde main les nombreux potentiels en termes d’usage ou d’esthétique. Malgré le goût du grand public pour le bricolage, malgré le succès des blogs et émissions sur l’upcycling et le « fait-maison », nous pensons que des animations qui donneraient à comprendre les usages divers qui pourraient être fait des produits de réemploi seraient nécessaires pour améliorer les ventes de seconde main dans une grande surface de bricolage. Nous comptons aussi capitaliser sur le fait qu’il existe déjà des ateliers DIY proposés par le Leroy Merlin Cabries qui ne désemplissent pas.

L’équipe de Bellastock a listé dans son rapport sur le réemploi à l’ADEME des couples matériaux/usage qui pourraient être généralisés chez les professionnels

Durant une première expérimentation du 29 au 31 Mars nous mettrons donc à disposition des lots de réemploi à prix d’amis accompagnés de sensibilisation et de meubles upcyclés témoins, puis du 14 au 16 Juin nous testerons l’impact avec IM-prove d’une signalétique et d’une scénographie complète ainsi que des ateliers et des animations d’upcycling. Nous avons réfléchi à une liste d’objets et de meubles qui correspondent à l’intérêt des clients et à la saisonnalité de leurs comportements, qui soient originaux et fonctionnels, qui puisse être réalisés par tous dans un laps de temps courts, qui soit transportable et ne comporte pas de danger sanitaire.

Vous voulez en savoir plus, participer à la mesure d’impact, proposer des animation ou discuter du sujet ? Prenez 5 minutes pour répondre à notre questionnaire en ligne ou contactez nous

Photo atelier d’upcycling avec la nouvelle mine

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