Retour sur une course créative pour le vivre-ensemble qui a réuni les Sapeurs-Pompiers de Paris, des acteurs du monde associatif et des citoyens engagés.
Vous connaissez peut-être le hackathon, temps créatif réservé aux passionnés de la bidouille numérique se concluant par la création d’un objet. Mais connaissez-vous son versant dans l’innovation sociale ? La course collective vers la créativité pour le vivre-ensemble qui a eu lieu le week-end du 6 et 7 juillet dans les locaux de makesense et à laquelle j’ai participé en est l’illustration.
Pendant 24h, des pompiers de Paris, des acteurs du monde associatif tels que Le Carillon, Benenova, La Compagnie des Aidants, Réseau Entourage ou encore le Quartier Général des Bienveillants et des citoyens engagés ont mis en commun leur expérience et leurs atouts pour présenter des solutions innovantes, répondant à la surcharge de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de la Ville de Paris.
C’est en partant du constat du chiffre de 90 000 interventions (1/5) engendrées par des détresses sociales prises en charge chaque année par la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris que s’est dessinée l’urgence de recréer du lien social et de valoriser l’entraide au niveau local. C’est ce dernier défi qui a animé tous les participants durant ce créathon.
Tout a commencé par la formulation d’un certain nombre de problématiques sociales par ceux qui allaient ainsi devenir les porteurs de projet. Ensuite, chaque participant devait choisir pour quelle problématique mettre à contribution son énergie et ses compétences. Il était notamment possible de réfléchir à comment occuper un lieu de sorte à réimpulser de la solidarité à l’échelle d’un quartier, encourager les personnes isolées à s’engager dans des actions de bénévolat ou encore aider les personnes aidantes.
Pour faciliter le choix entre les différentes propositions pleines de sens, nous avons profité du conseil d’une animatrice de makesense : « Veillez à tomber amoureux du problème, non de la solution ! ».
C’est une méthode de travail conçue par makesense et comprenant de multiples outils de travail collaboratif qui a guidé la réflexion, en partant du problème jusqu’à la formulation d’une solution. L’exploration du problème, le remue-méninges, la reformulation du défi, l’analyse des solutions existantes, les collaborations, le modèle économique, le plan d’action sur 6 mois sont les étapes par lesquelles les groupes sont passés pour construire leur projet. L’ultime temps de travail consistait en la rédaction d’un « pitch », un texte de 3 minutes assez convaincant pour être prononcé à l’oral devant le jury. A l’issue du créathon, 4 projets sur 6 ont été retenus et bénéficieront d’un accompagnement personnalisé par les animateurs de makesense.
Ce format de travail qui consiste à collaborer avec des inconnus à l’aide d’outils que l’on découvre, sur un sujet sur lequel on ne détient pas forcément d’expertise et en un temps restreint, est pour la plupart d’entre nous inhabituel.
Les témoignages des participants convergent vers l’ambivalence de la temporalité du créathon, à la fois contraignante et salvatrice.
D’une part, on peut facilement imaginer que l’expérimentation de nouvelles conditions de travail permet d’explorer de nouvelles capacités. Il est ressorti, par exemple, que le travail dans l’urgence a permis d’augmenter la créativité au sein des groupes mais aussi la capacité d’analyse des individus.
D’autre part, beaucoup ont évoqué le regret d’un temps insuffisamment long pour s’approprier entièrement les outils de travail et le stress provoqué par cette contrainte.
Le témoignage de Chloé, porteuse de projet, exprime bien cette ambivalence : « Le rythme de travail était assez éprouvant et parfois assez frustrant. J’ai eu l’impression de ne pas pouvoir aller au bout des idées, de certains concepts… Mais dans un temps court, je pense que ça nous a permis de garder notre motivation et notre concentration intactes. Nous n’aurions certainement pas aussi bien travaillé sans pression : C’est facile de diverger et de partir en grand débat quand on travaille sur un sujet qui nous passionne ! »
Ainsi, l’étude de ce temps de travail met en lumière comment les obstacles du temps ou celui de l’ignorance des atouts de chacun sont contrés par des dispositions naturelles à collaborer dans l’urgence.
Derrière la finalité principale des travaux qu’est la portée sociale, suivrait l’apprentissage de soi à travers l’expérience d’un format de travail différent.